C'était bien un compresseur mécanique entraîné par courroie crantée. Je me souviens que cela avait obligé à faire un bossage sur le tableau arrière et le capot moteur pour laisser passer cette usine à gaz. Puissance et couple me sont restés inconnus car la voiture n'est jamais passée au banc. La marque du compresseur m'échappe, mais mon père aimait ce que faisait les anglais dans ce domaine, j'ose donc supposer qu'il s'agissait d'un compresseur Rootes. Le refroidissement d'huile avait été amélioré par l'usine Alpine, car elle avait le tableau avant que l'on voit sur la berlinette rouge du reportage de Pascal. Les tubulures passaient dans l'habitacle : le chaud côté passager

et le retour du "très légèrement rafraîchit" longeait le baquet du pilote.
La berlinette avait été modifiée par le garage Régis à Nîmes (mon père habitait encore là tandis que j'étais retourné à Montpellier). A conduire, c'était un engin terriblement brutal (boîte courte), heureusement le compresseur se faisait oublier dans son fonctionnement (contrairement aux turbocompresseurs qui envoient la cavalerie d'un seul coup), les très gros pneus arrière assurant une bonne motricité pour peu que la voiture soit en ligne (facile à dire !). Les élargisseurs d'ailes (d'origine, enfin, je veux dire posés par l'usine) étaient arrondis, donc très différents de la rouge en photo ci-dessus, ils faisaient plus penser aux ailes arrières des Alpine A220 courant au Mans. Les jantes BBS en nid d'abeille étaient démontables (une multitude de petits boulons tout autour de la jante).
Le becquet arrière était plutôt petit, il aurait gagné à être plus largement dimensionné car la berlinette était terriblement instable en ligne droite. En ce qui concerne le confort à bord, inutile de préciser qu'il était du genre spartiate, bien calé dans un baquet avec harnais 4 points, les jambes décalées vers le centre de la voiture (fallait bien laisser de la place aux pneus avant !), le petit volant très direct qui renvoie bien les irrégularités de la route (un gravillon = choc perceptible dans le volant), les commandes très "cheap" (origine R8 major, je suppose) tombait bien sous les mains. Le petit levier de vitesse très court avec son gros pommeau en bois était agréable et très précis malgré une course très courte. L'aération étant quasi inexistante à bord, la chaleur devient vite suffocante dans l'habitacle, et ce n'est pas le maigre panneau pare-feu qui sépare le moteur de l'habitacle qui fait office de paroi insonorisante ! Ça (aussi) rend sourd !...

Le pot d'échappement avait un embout amovible pour atténuer un peu les décibels (nombreux !) en usage "routier", nous l'avions enlevé pour la prise en main de cette boîte de Pandore roulante... Boule Quiès indispensable et un petit coussin pour le bas du dos (à cause des coups de pieds au c** dès que l'on effleure la pédale de droite !). Les montées en régime sont vives et la boîte est très sollicitée, le freinage était terriblement délicat le jour de mon essai de la Bête. Mon père venait de faire monter des plaquettes métalliques très dure, ce qui supposait que les disques soient chaud pour freiner efficacement (démentiel devrais-je dire), mais à froid, cela ne vaut pas des tambours souffreteux !...
Chaussée en slick retaillés (pour avoir un semblant de dessin calmant la maréchaussée), l'adhérence est bonne tant que les pneus sont chauds, que l'on ne prend pas la pédale de droite pour un repose-pied et que l'on ne surestime pas la limite d'adhérence imposé par un train arrière très baladeur (autonome, en réalité !!!). Une dizaine de tours plus tard, on a dans les veines une mixture à base d'adrénaline légèrement colorée par un peu de sang, quant à mes yeux ils ont bien mis deux ou trois heures à revenir dans leurs orbites juste à temps pour admirer deux ou trois bleus (coude+genou) avant qu'une crampe ne me reprenne (la direction si légère à basse vitesse devient terriblement dure en appui à bonne vitesse) et le pommeau de la boîte laisse quand même une belle ampoule dans la paume !... Que du bonheur en somme !...