Un petit mot pour vous raconter un truc stupide que j'ai fait ce soir à la pêche...
je laisse un mot à ma moitié pour lui dire que je suis à la pêche sur un secteur de gorges de la Veveyse, près de chez moi, mais assez loin de tout secteur carrossable. je parque la bagnole, je descends 150 - 200 mètres de rivière que je pêche moyennement (trop peu d'eau, trop de risque de prendre et de blesser des truitelles). Arrive le secteur de gorges, avec les grosses vasques où on peut trouver du gros poisson... je descends dans la première, je pêche et je touche une truite qui doit faire la mesure... l'eau est tellement claire qu'elle s'est piquée, m'a vu... tu parles, c'est foutu pour celle-là... je descends dans la vasque suivante, je pêche, rien... vasques suivantes, 2-3 touches, du sympa, c'est sauvage, c'est beau, c'est bruyant comme dans le tambour d'une machine à laver géante... plus je descends dans les gorges, plus ça devient sportif de passer d'un secteur à l'autre, plus les parois des gorges se rétrécissent... je finis par me bagarrer avec une vraie jolie truite, je la lève, elle se décroche... là, je me dis que je ne vais pas insister... il est dit que je ne sortirai rien de ces gorges...
et c'est là que je réalise que l'expression "ne rien sortir de ces gorges" pourrait aussi s'appliquer à moi ! je suis descendu tellement bas dans les gorges, de vasque en vasque, que je n'ai pas fait attention que les berges n'existent simplement plus... ce sont des falaises... le pont qui enjambe la vallée est 60-70 mètres au-dessus de moi... j'ai eu de la peine à rejoindre la dernière vasque et il est juste improbable que je puisse remonter par où je suis arrivé ! Tout ça avec le soir qui tombe... mais quel con ! tellement pris par ma pêche que je ne me suis pas rendu compte que c'était possible à descendre (en glissade contrôlée), mais impossible à remonter : roche trop friable !
je regarde autour de moi, la seule éventuelle possibilité est une cheminée rocheuse à varaper de l'autre côté de la vasque... pas le choix... à moins de faire venir la colonne de secours (heureusement, j'ai un peu de réseau portable) ! ça serait le comble du ridicule, non ? Je plie ma canne, je serre ma besace en mode sac à dos, et voilà le Tofi en train d'escalader la falaise rive gauche...
La trouille de ma vie ! heureusement que les cuissardes ont des semelles de compétition et qu'elles sont neuves ! heureusement qu'il y a quelques rares arbustes sur lesquels je peux me tracter... après 300 mètres de distance (et 70 m de dénivelé selon carte), je débouche sur un haut plateau dans la forêt, aucun chemin, le coeur à 170 pulsations/min (effort + trouille). Bon je connais bien le coin et j'avais la rivière plus bas pour me repérer... Après environ 30 minutes, j'ai pu regagner la voiture, trempe de chaud, le trouillomètre à zéro et une bonne leçon d'humilité : ne JAMAIS perdre le respect de la nature et de la montagne ! y'a des endroits qui ne sont simplement pas fait pour supporter la présence de l'homme !