Citation de: Niclette le 10 06 09, 14:57 PM
Le problème n'est en effet pas le marché en lui même mais les règles qu'on lui impose.
Les marchés financiers, incluant les bourses donc, s'évertuent tant qu'ils peuvent pour échapper à tout contrôle en dehors d'eux même. On n'impose quasiment rien aux marchés. Ils sont sensés s'autoréguler... le problème viendrait donc plutôt
des règles qu'on ne lui impose pas... non ?
Il est en effet assez choquant de constater combien les banques sont peu regardantes envers les investisseurs alors qu'elles nous tombent dessus à la seconde où notre compte en banque frôle le zéro.
Mais comme il a été dit plus haut, la finance s'est mondialisée, s'affranchissant des frontières nationales et avec des lois. Bien entendu, nul n'est au dessus des lois parait-il; mais quand on voit ce qui se passe dans ce petit monde privilégié, on est en droit de se poser des questions...
Et puis il ne faut pas perdre de vue la connivence entre le pouvoir et la finance qui permet à cette dernière de ne pas être trop inquiétée et à la première de rester à sa place...
Maintenant, l'idée selon laquelle le marché s'autorégule suivant le principe de l'offre et de la demande n'est pas si idiot que cela. C'est même un principe qui a du bon sens quelque part. Le problème vient de la dérive que nous avons connu ces 50 dernières années. Comme l'a dit Niclette, jusqu'à il y a 50 ans, "on" investissait dans une entreprise afin de l'aider à se développer tout en espérant pouvoir retrouver ses billes un jour et avec une petite prime. Jusqu'à cette époque, la force et la richesse d'une entreprise était ses salariés, détenteur du savoir faire.
Mais tout a basculé le jour où des illuminés se sont mis à spéculer sur la valeur d'une entreprise sur le très court terme. On a vu alors fleurir nombre de fonds d'investissements et autres structures qui ne se sont plus intéressés aux entreprises pour leur développement, mais les ont considéré comme une simple valeur marchande. C'est ainsi que les entreprises sont traitées comme des matières premières sur les marchés où tout ou presque peut être négocié. On passait alors de la société salariale à la société actionnariale. La richesse d'une entreprise n'est alors plus ses salariés, mais sa côte boursière, son potentiel de croissance, les perspectives de bénéfice. Le salarié est devenu la variable d'ajustement que les dirigeants n'hésitent plus à licencier pour réduire les couts et ainsi promettre toujours plus de rentabilité aux actionnaires.
Enfin ce que je trouve révoltant, aussi, au sein de ce qu'on appelle le marché, ce sont les bulles spéculatives et leurs conséquences. Vous souvenez vous lorsque l'été dernier le prix du baril de pétrole avait dépassé les 140 dollars ? Certes la forte demande de pays nouvellement développés comme la Chine ou l'Inde ont fait exploser la demande. Mais ce n'est pas la seule explication. Devinant que cette demande allait s'intensifier rapidement et fortement, certains ont cru bon de faire des "stocks virtuels" de pétrole à un certain cout pour le revendre quelques temps plus tard au prix du marché qui aurait augmenté. C'est ce qu'on appelle de la spéculation à la hausse. Associé à un effet "mouton", nombre d'investisseurs ont suivi l'idée et le prix est monté en flèche.
Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, mais il existe des bulles spéculatives sur à peu près tout. Et ce qui finalement est le plus choquant, c'est quand une de ces bulles s'abat sur les matières premières agricoles avec en ligne de mire les agro-carburants...
Il est apparu évident aux yeux de la planète entière que le marché n'était pas capable de s'autoréguler. Nombre de personnalités ont exprimé leur souhait, voire la nécessité, d'établir des règles et d'imposer une autorité à la fiance mondiale. Mais ce discours à l'unisson ne fut que de courte durée; les places financières s'activant tant qu'elles ont pu pour convaincre leurs responsables politiques que promis, elles ne recommenceraient plus et désormais elles adopteraient un comportement vertueux...