Citation de: Mellonman le 29 05 12, 18:11 PM
On suppose que le besoin en nutriments va croissant au fur et à mesure que le sol en lâche moins dans l'eau et que la consommation des plantes augmente donc on essaie de suivre cette croissance. Passer directement de rien du tout à la dernière étape - fertilisation max - d'un seul coup et prématurément ça me paraît assez risqué...
Bin dans un monde parfait on apporte au bac que ce dont il a strictement besoin et hop.
Dans la pratique, je te cite, "on suppose que", "on essaie de". C'est pour ça qu'il y a tellement de méthodes de fertilisation.
Pour les bonsai, c'est complètement pareil. Il y a 51 méthodes, tout le monde s'étripe sur ce qui est bien et pas bien, ce qui fait grandir les feuilles ou les maintient petites (souhaité), ce qui fait grossir le tronc (souhaité) ou ce qui le maintient mince... Dans la pratique, tu colles des boulettes organiques pour légumes bio et tu arroses avec du chimique en quantité généreuse (mais pas trop) pendant les saisons de pousse et les arbres se portent à merveille. La difficulté, ce sont les apports d'eau et non la fertilisation. Ici aussi le choix du substrat rend les choses compliquées ou plus simples. Akadama, seramis, zéolites, c'est juste nickel. Inclusion d'écorces de pin, de tourbe concassée ou diverses autres babioles pour les arbres préférant des sols acides. Pas obligatoire, sauf arbres vraiment très, très, délicats. Mais l'arrosage ! C'est un geste à travailler. Les maîtres japonais disent qu'il faut 10 ans pour être ceinture noire d'arrosage de bonsai. Par espèce.
Il y a une grande leçon de vie dans la culture, que ce soit dans un aquarium, dans le jardin, ou dans des petits pots ouvragés. On sait beaucoup de choses, sur beaucoup de sujets. On peut facilement en apprendre des kilomètres sur la biochimie des plantes. Il suffit de temps, de motivation, et de livres et d'internet. Mais tout ça ne peut pas remplacer l'expérience réelle face à ces plantes que l'on essaie de faire pousser, et on réalise vite que malgré les kilomètres de savoirs ingurgités, la nature se démerde mieux sans nous. Moins on cherche compliqué, mieux ça marche parce qu'on laisse la nature faire ce qu'elle sait faire tellement mieux que nous.
Pour ma part je trouve très intéressant d'étudier et d'apprendre plein de choses sur la biochimie, sur les équilibres biologiques et écologiques. Mais j'ai cependant choisi de rester humble et simple dans mes démarches d'apprenti sorcier. Je n'ai pas les connaissances et moyens pour jouer au plus fin et fournir exactement ce qui est approprié aux plantes que je cultive. J'utilise donc des engrais équilibrés à peu près convenablement, j'en distribue de trop, le bassinage d'un bonsai prévient des accumulations non souhaitées, les changements d'eau dans un aquarium font de même. Et les plantes se débrouillent toutes seules. Elles ne nous ont pas attendu pour pousser et être fertilisées.
Ma grand-mère faisait pousser n'importe quoi dans son potager, et elle n'y connaissait rien en biochimie. Mais la binette, ça, elle en jouait comme un organiste virtuose caresse ses grandes orgues.
Et pendant ce temps, elles poussent.