Citation de: Cyberfish
C : Voilà une belle installation, respectueuse de la nature environnante.
Peux tu nous détailler un peu plus le fonctionnement de la serre ?
D : En fait, l'Aquafarm fonctionne en 2 parties : l'élevage et l'importation-acclimatation.
Par ailleurs il y a 2 serres : une froide pour les poissons qui préfèrent les basses températures et pour les élevages en bassin en période estivale et l'autre totalement tempérée et dédiée aux espèces tropicales.
Il est aussi important de rappeler que le lieu n'est pas ouvert au public et que nous privilégions le bien être des poissons au décor et à l'entretien des bacs. Cela pourrait d'ailleurs choquer un visiteur, mais il ne faut pas oublier que la présence d'algues ne gêne en rien les poissons et que cela peut même créer une ambiance plus calme pour des géniteurs qui stressent facilement.
Pour gérer les 1500 m² et plus de 500 m³ d'eau, je suis accompagné d'un apprenti et d'un salarié qui s'occupent essentiellement du nourrissage, de la surveillance sanitaire des poissons et de la pêche. Il s'agit d'ailleurs d'un investissement important dans notre temps de travail, le reste étant dédié à la réception de nouveaux arrivages (souvent en pleine nuit), l'acclimatation, la surveillance des reproductions, la prospection des clients et leur livraison.
Ainsi, nous essayons de reproduire plusieurs dizaines d'espèces (voir le détail en encadré) et nous veillons à la bonne acclimatation des poissons d'importation. En effet, la qualité est notre gage et nous préférons fournir des poissons en bonne santé à nos clients, les animaleries.
Citation de: Cyberfish
C : Et peux tu nous expliquer comment se passe la vie du poisson qui arrive chez toi jusqu'à ce qu'il arrive dans les animaleries ?
D : En fait, les poissons arrivent en lot de plusieurs centaines d'individus conditionnés dans des sacs mis dans des boites isothermes, souvent en pleine nuit. Et là commence le grand rush.
Tout d'abord il faut vérifier que la livraison correspond bien à la commande ce qui n'est pas toujours évident avec certains genres (les Loricaridés par exemple).
Ensuite les poissons sont répartis selon les espèces et les genres et dirigés vers des batteries spécifiques qui servent à la quarantaine. Ils sont donc acclimatés avec précaution ce qui prend une bonne partie de la nuit. Il faut aussi parfois les trier car certains exportateurs, pour réduire les coûts de maintenance ne le font pas avant l'envoi.
Puis le stress se calme et les poissons sont mis en observation plusieurs jours, voire plusieurs semaines, selon l'évolution des commandes. C'est là qu'il arrive souvent des hécatombes liées à la mauvaise qualité des animaux. Des traitements sont alors nécessaires mais ils ne sont jamais systématiques et au final les poissons n'iront sur le listing de disponibilité qu'après un total rétablissement.
Ainsi, une bonne partie de nos coûts est liée aux pertes mais aussi à cette étape d'acclimatation que nous tenons particulièrement pour assurer une bonne qualité à nos clients et au final aux passionnés qui hériteront des poissons.
Enfin, les poissons sont réemballés avec soin lors des commandes et nous livrons les magasins régulièrement.
Voilà pour la filière d'importation. Pour ce qui est de nos élevages, nos techniques ne différent pas de celles des passionnés, si ce n'est sur le volume.
Citation de: Cyberfish
C : Elevage et importation sont 2 mondes vraiment différents. Alors pourquoi jongler entre les 2 ?
D : C'est vrai que certains grossistes se contentent souvent de gérer des flux de commandes, parfois même sans réaliser d'acclimatation en se contentant juste de reconditionner les arrivages.
Chez nous, cela n'arrive que très rarement (uniquement quand le client est pressé et que nous avons une commande spéciale pour lui) et nous surveillons les poissons pendant au moins 10 à 15 jours pour ne fournir que des poissons de qualité. Cette technique engendre alors pas mal de pertes que nous prenons directement à notre charge.
Aussi, pour compenser un peu ces risques mais aussi pour ne pas toujours prélever dans des stocks naturels (pour bon nombre de poissons toujours prélevés dans la nature) ou tout simplement pour ne pas être sans cesse tributaire d'exportateurs aux pratiques parfois douteuses, nous avons décidé de conserver une partie d'élevage.
Ainsi, nous avons surtout gardé l'élevage par passion et amour pour nos poissons. A cela il faut rappeler que dans le cadre d'importations, le prix de revient des animaux vient essentiellement des coûts de transport et la qualité s'en ressent d'autant.
Par contre, nous avons préféré centrer nos reproductions sur certains Cichlidés américains, les crevettes et certains vivipares de collection pour limiter les manutentions qui sont souvent coûteuses dans le domaine de l'élevage de tétra notamment.
De cette manière, nous pouvons proposer des poissons nés en France et donc souvent plus résistants puisque nous maîtrisons mieux leurs conditions d'élevage en limitant l'utilisation d'antibiotiques et autres traitements.
Citation de: Cyberfish
C : Justement pour tes élevages, as-tu des techniques particulières qui s'éloignent un peu de ce que nous connaissons en aquarium ?
D : En fait, je suis partisan de l'utilisation de techniques simples plutôt que d'un système trop industriel. Disons donc qu'il y a parfois quelques petites astuces à connaître mais rien de fondamentalement différent de ce que le passionné peut appliquer chez lui après quelques bonnes recherches.
En fait, c'est surtout sur le volume et le nombre que va jouer la différence. Ici tout est démultiplié pour faire face à la demande.
Citation de: Cyberfish
C : Et côté réussite, quel est le pourcentage ? Et y a-t-il des espèces réfractaires en dehors, bien sûr, de celles qui n'ont toujours pas pu être reproduites en captivité ?
D : En fait, dans l'élevage que nous pratiquons, nous pouvons estimer que nous avons quasiment 100% de réussite, sauf accident, bien sûr !
Par exemple : nous reproduisons certaines espèces sporadiquement chez nous à cause des fluctuations thermiques saisonnières et certains couples sont capricieux.
La réussite en élevage provient essentiellement du côté artisanal de nos techniques et d'une bonne connaissance des espèces reproduites, d'où notre limitation dans le choix du panel reproduit.
Certes nous pourrions encore augmenter notre productivité mais cela irait vite à l'encontre de notre déontologie : le respect du poisson. Et cela demanderait aussi un investissement trop important pour notre structure actuelle.
Les difficultés d'élevage viennent donc essentiellement de la manutention engendrée et des coûts que cela aurait sur notre rentabilité. C'est pour cela que nous avons mis un peu de côté certains Tétras au profit des autres espèces, moins gourmandes.
Il n'empêche que certaines espèces sont quand même très difficiles à élever ou très peu prolifiques, nous les mettons donc de coté pour l'instant !
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A suivre...