[Interview] Aquafarm Paradise – L’histoire d’une passion devenue profession

Démarré par Cyberfish, 04 10 10, 08:31 AM

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Cyberfish

Pour rappel, l'Aquafarm n'est pas un magasin et n'est donc pas ouvert au public. Des visites, s'il doit encore y en avoir, seraient donc plutôt à réserver aux clubs.
Après, rien n'empêche à des amis de se rencontrer.

ElTofi

pour m'être rendu 3 fois sur place (dont une fois lors du WEAA 2008), l'installation est très sympa, le David très accueillant (et accessoirement, membre sur AA, on aimerait le voir plus souvent) ! Et au détour des cuves, on trouve parfois des merveilles... parfois, on trouve même des merveilles sous les cuves, dans les bassins béton qui constituent le fondement des batteries...

si vous êtes passionnés et partagez certaines valeurs avec David, c'est une personne et un endroit qui mérite de leur consacrer du temps.

Cyberfish


Cyberfish

On voit ce qui suivent le truc jusqu'au bout. Effectivement en voici la preuve.
Reste que du coté marin je peux vous dire qu'il n'a pas réussi à atteindre son objectif. Et pour le ratio, je ne saurais dire si ce n'est qu'il a bien évolué dans le sens de certaines repro sur place.

cuong

Merci Cyberfish

Citation de: Cyberfish le 06 10 10, 12:34 PM
Si je me souviens bien, oui, elle doit dater de 2008 ou début 2009. Ca se voit tant que ça ?

Citation...
Par contre, nous avons un but pour 2009 : nous lancer dans le marin en proposant quelques espèces acclimatées ici. Et nous aimerions aussi atteindre un ratio de 40% d'élevage sur place pour compenser notre activité d'importation-revente.

Cyberfish

Si je me souviens bien, oui, elle doit dater de 2008 ou début 2009. Ca se voit tant que ça ?
En fait, j'ai mis tout ce temps à la proposer ici car j'ai d'abord attendu de la voir refusée par tous les mag.
Ensuite, je l'ai ressortie pour mon site perso et finalement après un peu de réflexion, j'ai décidé de la publier ici pour en faire partager le plus grand nombre.
A suivre : quelques photos d'illustration.

kerval

CitationC : Justement, as-tu constaté une percée du développement durable dans notre passion ?

D : Non, rien ne semble vraiment se développer de ce côté. En tout cas, dans le domaine des importations de sauvage, hormis les espèces désormais interdites, il n'y a pas de changement dans les disponibilités et donc dans les prélèvements dans la nature.
Et du côté des importations d'élevages (en Asie du Sud-Est ou dans les pays de l'Est) il n'y a pas non plus d'évolution notoire.
Par contre, à notre niveau nous ne manquons pas de mettre en avant les reproductions locales ou même celle faites à l'étranger pour leur côté nettement plus écologique.

Super intéressant, merci Cyber !


lupal

Un grand mer ci à vous deux!
A toi cyberfish de faire connaitre quelqu'un comme David,
Et a toi David d'être comme tu es! C'est un plaisir de te connaitre, à bientôt j'espère...

A+ Alain


Wein

Citation de: Cyberfish le 05 10 10, 15:16 PM
Encore un grand merci à David pour sa disponibilité, son amitié et son accueil !

Et un grand merci à toi pour le travail d'interview ;-)

Laurent

Cyberfish

Encore un grand merci à David pour sa disponibilité, son amitié et son accueil !

Cyberfish

Citation de: Cyberfish
C : Et comment se passe l'équilibre entre ta vie de famille et la vie professionnelle ?

D : En fait, je commence à stabiliser les 2 en me limitant à près de 70H de travail par semaine contre 90 à 120H avant.
En fait, j'ai recentré les activités de la serre pour mieux organiser notre temps de travail et nos charges. Et puis, j'ai toujours eu une vie professionnelle chargée, ce qui créé une habitude encore atténuée par la passion.

Citation de: Cyberfish
C : Concernant l'Aquafarm, quels sont les points forts que tu aimerais mettre en avant ?

D : Le credo, ici, c'est le respect du poisson. Aussi, nous nous imposons la quarantaine dont j'ai déjà parlé pour ne pas traiter nos animaux comme de simples marchandises en transit. Cela engendre un coût important pour notre société mais c'est un gage de qualité.
Par ailleurs et toujours dans un souci de qualité et de respect des poissons, nous veillons à un conditionnement de qualité afin de leur assurer une meilleure survie lors des transports, facteur de stress important.

Citation de: Cyberfish
C : Et verrais tu quelque chose à améliorer dans la serre ?

D : En fait, il y a toujours des choses à rénover ou à remplacer. Cela fait partie du lot quotidien et nous faisons face aux problèmes au jour le jour. Autrement l'Aquafarm est une structure qui a du potentiel dans l'état et qui demande surtout un investissement en temps.
Par contre, nous avons un but pour 2009 : nous lancer dans le marin en proposant quelques espèces acclimatées ici. Et nous aimerions aussi atteindre un ratio de 40% d'élevage sur place pour compenser notre activité d'importation-revente.

Citation de: Cyberfish
C : As-tu un conseil à donner à nos lecteurs ou tout simplement à quelqu'un qui souhaiterait se lancer dans l'aventure ?

D : Avant tout il ne faut pas se lancer à l'aveuglette et avoir des bases solides autour d'un projet bien réfléchi. Ainsi, dans mon cas, il m'a fallu 17 visites avant la reprise effective de l'Aquafarm et pour faire mûrir le projet. Puis ce n'est qu'après bien 2 ans que j'ai commencé à vraiment maîtriser l'outil et tout son potentiel.
Il faut donc de la persévérance et un vrai professionnalisme. Mais l'important c'est de faire ce que l'on aime. Car celui qui se lance en pensant avant tout à la rentabilité immédiate se trompe et peut déjà abandonner son projet.

Citation de: Cyberfish
C : Et pour aborder un peu l'avenir de l'aquariophilie, peux tu nous donner ton sentiment sur la situation actuelle ?

D : Pour moi le problème reste toujours le même : il y a peu de vrais passionnés qui s'intéressent aux bonnes conditions de vie de nos poissons et c'est un peu ce qui plombe l'aquariophilie. Fort heureusement les vrais passionnés sont de mieux en mieux armés et intéressés et cela permet de remonter un peu le niveau, surtout dans notre belle région richement peuplée en aquariophiles compétents.
Par ailleurs, on constate de plus en plus un phénomène de mode avec un intérêt croissant pour les variétés sauvages et avec un engouement important pour les crevettes.
On peut alors parler d'une plus grande spécialisation du marché qui par ailleurs reste tout de même en stagnation par rapport à nos voisins allemands.

Citation de: Cyberfish
C : Et du côté des professionnels, vois tu une évolution des mentalités au travers des commandes faites par les animaleries ?

D : En fait, même si la tendance va en s'améliorant, il est encore déplorable de constater un vrai manque de professionnalisme de certains responsables de grandes chaînes qui mettent au premier plan les prix plutôt que la qualité.
En effet, pour eux il n'y a pas d'intérêt dans l'élevage local et la concurrence est rude face à des importateurs qui se contentent parfois de reconditionner leurs arrivages sans vrai contrôle ni acclimatation.
A cela s'ajoutent aussi un manque de déontologie dans la vente des poissons et un réel désintérêt pour la préservation de ces animaux (peu importe qu'il y ai des pertes intermédiaires ou un fort prélèvement dans la nature, pourvu qu'ils ne soient pas chers).

Citation de: Cyberfish
C : Justement, as-tu constaté une percée du développement durable dans notre passion ?

D : Non, rien ne semble vraiment se développer de ce côté. En tout cas, dans le domaine des importations de sauvage, hormis les espèces désormais interdites, il n'y a pas de changement dans les disponibilités et donc dans les prélèvements dans la nature.
Et du côté des importations d'élevages (en Asie du Sud-Est ou dans les pays de l'Est) il n'y a pas non plus d'évolution notoire.
Par contre, à notre niveau nous ne manquons pas de mettre en avant les reproductions locales ou même celle faites à l'étranger pour leur côté nettement plus écologique.

Citation de: Cyberfish
C : Et bien, merci pour toutes ces réponses ! Veux tu rajouter quelque chose pour clore la discussion ?

D : Merci à toi pour l'intérêt que tu porte à notre profession.
Et pour conclure, je voudrais simplement conseiller à tes lecteurs de garder à l'esprit qu'il est toujours possible de faire commander des espèces particulières auprès des animaleries.
En effet, plutôt que de se cantonner aux espèces classiques proposées en magasin, il peut être bien plus intéressant d'essayer de connaître un peu plus la diversité aquatique et de faire son propre choix de population par le biais de la littérature !
Et les animaleries ne joueront cette carte qu'à condition d'y voir un réel besoin de la part de leur clientèle.

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Pour info :
L'Aquafarm c'est ...
... plus de 300 références disponibles sur la stock-list dont toujours 60
à 80 espèces reproduites sur place.
... 1500 m² pour plus de 500 m³ d'eau.
... 3 personnes à temps complet (et même plus) intervenant 7j / 7


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L'interview complète est à retrouver sur mon site : http://cyberfish.fr/pages/reportages/professionnels/aquafarm/interview01.htm
Et vous pouvez même la télécharger en pdf : http://cyberfish.fr/telechargements/interview/aquafarm.pdf

Cyberfish

Ca vient. Je les mettrai à la fin. En attendant, je vais vous balancer la fin du texte.

xav

Merci Cyberfish. Quelques photos pour accompagner le texte peut-être ?

Cyberfish

Citation de: Cyberfish
C : Et y-a-t-il des questions particulières au niveau de la réglementation en matière d'importation de poissons ?

D : En fait, à notre niveau nous n'avons pas vraiment à nous poser de question puisque nous sommes tributaires d'un réseau d'exportateurs, qui lui, est soumis en amont aux règlementations en vigueur au niveau international.
Ainsi, notre choix se limite aux stock-lists de ces exportateurs et c'est de cette manière que nous sommes impactés par les nouvelles limites imposées par les pays qui commencent à protéger leur biodiversité.

Citation de: Cyberfish
C : Maintenant que nos lecteurs ont un petit aperçu du fonctionnement de l'Aquafarm, abordons un peu ton quotidien.
Aussi, peux tu nous parler un peu de ton parcours ?

D : Autant que je me souvienne, j'ai toujours été passionné par la nature et très tôt je me suis laissé tenter par les poissons.
J'ai toujours eu énormément d'animaux et les poissons en faisaient partie. Je me souviens d'ailleurs de mes premières reproductions, des vivipares bien sûr, dès l'âge de 8 ans.
Puis à partir de là, dès que je réussissais une reproduction, je changeais de cible.
Ainsi, dès 1991, j'avais déjà reproduit plus de 300 espèces et je suis entré en animalerie où je me suis finalement spécialisé en aquariophilie.
Et de fil en aiguille, mes compétences (aquariophiles et de gestion) m'ont valu de passer très rapidement responsable de rayon, poste que j'ai conservé pendant près de 15 ans avant de finalement reprendre l'Aquafarm.
C'est donc par passion que j'en ai finalement fait ce métier.

Citation de: Cyberfish
C : Et qu'est-ce qui t'a toujours attiré dans l'aquariophilie ?

D : En fait, ce sont les reproductions qui sont si fascinantes. Quand on voit la multitude des techniques et des modes de reproduction, il est tentant de vouloir tout essayer. En plus de cela, la multiplicité des espèces et leur beauté ont toujours fait briller mes yeux d'envie.

Citation de: Cyberfish
C : Et dans l'Aquafarm tu arrive encore à te faire plaisir avec les poissons ?

D : Toujours lorsque j'ai l'occasion d'importer des espèces plus inhabituelles ou lorsque je réussi la reproduction de certaines espèces. Et puis, il y a tellement d'espèces magnifiques aux comportement variés qu'il est difficile, pour moi, de me lasser du monde aquatique : il y a encore tellement de challenges à réussir.

Citation de: Cyberfish
C : En faisant la visite avec toi, tu as souvent parlé de chouchoux et j'ai bien compris qu'ils sont finalement nombreux à te plaire particulièrement.
Mais y a-t-il une espèce qui a une place plus particulière dans ton cœur ?

D : Oui : le Pseudepiplatys annulatus est un de mes favoris !
Il est magnifique avec sa petite taille, sa robe et ses yeux brillants. En plus il a vraiment un comportement intéressant avec ses postures de chasse et d'intimidation. De plus c'est une espèce qui me résiste sérieusement au niveau production : les alevins sont très difficiles à nourrir !

Citation de: Cyberfish
C : En dehors de l'Aquafarm, continue tu l'aquariophilie ?

D : En ce moment je n'ai plus qu'un petit bac dédié à des crabes qui plaisent bien à mon fils. Mais j'ai toujours énormément de projets dont l'envie de revenir un peu vers la terrariophilie et les dendrobates.

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A suivre...


Cyberfish

Citation de: Cyberfish
C : Voilà une belle installation, respectueuse de la nature environnante.
Peux tu nous détailler un peu plus le fonctionnement de la serre ?

D : En fait, l'Aquafarm fonctionne en 2 parties : l'élevage et l'importation-acclimatation.
Par ailleurs il y a 2 serres : une froide pour les poissons qui préfèrent les basses températures et pour les élevages en bassin en période estivale et l'autre totalement tempérée et dédiée aux espèces tropicales.
Il est aussi important de rappeler que le lieu n'est pas ouvert au public et que nous privilégions le bien être des poissons au décor et à l'entretien des bacs. Cela pourrait d'ailleurs choquer un visiteur, mais il ne faut pas oublier que la présence d'algues ne gêne en rien les poissons et que cela peut même créer une ambiance plus calme pour des géniteurs qui  stressent facilement.
Pour gérer les 1500 m² et plus de 500 m³ d'eau, je suis accompagné d'un apprenti et d'un salarié qui s'occupent essentiellement du nourrissage, de la surveillance sanitaire des poissons et de la pêche. Il s'agit d'ailleurs d'un investissement important dans notre temps de travail, le reste étant dédié à la réception de nouveaux arrivages (souvent en pleine nuit), l'acclimatation, la surveillance des reproductions, la prospection des clients et leur livraison.
Ainsi, nous essayons de reproduire plusieurs dizaines d'espèces (voir le détail en encadré) et nous veillons à la bonne acclimatation des poissons d'importation. En effet, la qualité est notre gage et nous préférons fournir des poissons en bonne santé à nos clients, les animaleries.

Citation de: Cyberfish
C : Et peux tu nous expliquer comment se passe la vie du poisson qui arrive chez toi jusqu'à ce qu'il arrive dans les animaleries ?

D : En fait, les poissons arrivent en lot de plusieurs centaines d'individus conditionnés dans des sacs mis dans des boites isothermes, souvent en pleine nuit. Et là commence le grand rush.
Tout d'abord il faut vérifier que la livraison correspond bien à la commande ce qui n'est pas toujours évident avec certains genres (les Loricaridés par exemple).
Ensuite les poissons sont répartis selon les espèces et les genres et dirigés vers des batteries spécifiques qui servent à la quarantaine. Ils sont donc acclimatés avec précaution ce qui prend une bonne partie de la nuit. Il faut aussi parfois les trier car certains exportateurs, pour réduire les coûts de maintenance ne le font pas avant l'envoi.
Puis le stress se calme et les poissons sont mis en observation plusieurs jours, voire plusieurs semaines, selon l'évolution des commandes. C'est là qu'il arrive souvent des hécatombes liées à la mauvaise qualité des animaux. Des traitements sont alors nécessaires mais ils ne sont jamais systématiques et au final les poissons n'iront sur le listing de disponibilité qu'après un total rétablissement.
Ainsi, une bonne partie de nos coûts est liée aux pertes mais aussi à cette étape d'acclimatation que nous tenons particulièrement pour assurer une bonne qualité à nos clients et au final aux passionnés qui hériteront des poissons.
Enfin, les poissons sont réemballés avec soin lors des commandes et nous livrons les magasins régulièrement.
Voilà pour la filière d'importation. Pour ce qui est de nos élevages, nos techniques ne différent pas de celles des passionnés, si ce n'est sur le volume.

Citation de: Cyberfish
C : Elevage et importation sont 2 mondes vraiment différents. Alors pourquoi jongler entre les 2 ?

D : C'est vrai que certains grossistes se contentent souvent de gérer des flux de commandes, parfois même sans réaliser d'acclimatation en se contentant juste de reconditionner les arrivages.
Chez nous, cela n'arrive que très rarement (uniquement quand le client est pressé et que nous avons une commande spéciale pour lui) et nous surveillons les poissons pendant au moins 10 à 15 jours pour ne fournir que des poissons de qualité. Cette technique engendre alors pas mal de pertes que nous prenons directement à notre charge.
Aussi, pour compenser un peu ces risques mais aussi pour ne pas toujours prélever dans des stocks naturels (pour bon nombre de poissons toujours prélevés dans la nature) ou tout simplement pour ne pas être sans cesse tributaire d'exportateurs aux pratiques parfois douteuses, nous avons décidé de conserver une partie d'élevage.
Ainsi, nous avons surtout gardé l'élevage par passion et amour pour nos poissons. A cela il faut rappeler que dans le cadre d'importations, le prix de revient des animaux vient essentiellement des coûts de transport et la qualité s'en ressent d'autant.
Par contre, nous avons préféré centrer nos reproductions sur certains Cichlidés américains, les crevettes et certains vivipares de collection pour limiter les manutentions qui sont souvent coûteuses dans le domaine de l'élevage de tétra notamment.
De cette manière, nous pouvons proposer des poissons nés en France et donc souvent plus résistants puisque nous maîtrisons mieux leurs conditions d'élevage en limitant l'utilisation d'antibiotiques et autres traitements.

Citation de: Cyberfish
C : Justement pour tes élevages, as-tu des techniques particulières qui s'éloignent un peu de ce que nous connaissons en aquarium ?

D : En fait, je suis partisan de l'utilisation de techniques simples plutôt que d'un système trop industriel. Disons donc qu'il y a parfois quelques petites astuces à connaître mais rien de fondamentalement différent de ce que le passionné peut appliquer chez lui après quelques bonnes recherches.
En fait, c'est surtout sur le volume et le nombre que va jouer la différence. Ici tout est démultiplié pour faire face à la demande.

Citation de: Cyberfish
C : Et côté réussite, quel est le pourcentage ? Et y a-t-il des espèces réfractaires en dehors, bien sûr, de celles qui n'ont toujours pas pu être reproduites en captivité ?

D : En fait, dans l'élevage que nous pratiquons, nous pouvons estimer que nous avons quasiment 100% de réussite, sauf accident, bien sûr !
Par exemple : nous reproduisons certaines espèces sporadiquement chez nous à cause des fluctuations thermiques saisonnières et certains couples sont capricieux.
La réussite en élevage provient essentiellement du côté artisanal de nos techniques et d'une bonne connaissance des espèces reproduites, d'où notre limitation dans le choix du panel reproduit.
Certes nous pourrions encore augmenter notre productivité mais cela irait vite à l'encontre de notre déontologie : le respect du poisson. Et cela demanderait aussi un investissement trop important pour notre structure actuelle.
Les difficultés d'élevage viennent donc essentiellement de la manutention engendrée et des coûts que cela aurait sur notre rentabilité. C'est pour cela que nous avons mis un peu de côté certains Tétras au profit des autres espèces, moins gourmandes.
Il n'empêche que certaines espèces sont quand même très difficiles à élever ou très peu prolifiques, nous les mettons donc de coté pour l'instant !

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A suivre...

Cyberfish

Grossiste en aquariophilie est une profession souvent méconnue du grand public.
Pourtant il s'agit d'un maillon important dans la chaîne de fourniture de nos chers pensionnaires.
Aussi, c'est pour mieux vous faire connaître ce métier difficile mais passionnant que David Eustache, gérant de l'Aquafarm Paradise, a accepté de répondre à mes questions et de nous dévoiler un peu sa vie quotidienne.

Voici donc une petite interview que je vous distillerai progressivement :

Citation de: Cyberfish
Cyberfish : Bonjour David et avant tout merci de nous accueillir à l'Aquafarm !

David Eustache : Bonjour à toi et à tous les lecteurs. Je suis heureux  de pouvoir partager  ma passion, mon métier.

Citation de: Cyberfish
C : Pour commencer et si tu le veux bien, nous discuterons un peu du fonctionnement de l'Aquafarm avant de  nous intéresser à ta vie de tous les jours.
Peux tu nous dire quand a été créé l'Aquafarm et depuis quand tu en es le gérant ?

D : La serre existe depuis 1985 et servait à l'import et à la  reproduction des Tétras, le dada de l'ancien propriétaire, qui desservait alors essentiellement le marché allemand et les magasins « Botanic ».
Je l'ai reprise en 2006 lorsque l'ancien gérant a décidé de prendre sa retraite. Et depuis je me suis réorienté vers la France en jonglant entre élevage et importation.

Citation de: Cyberfish
C : Ceux qui connaissent un peu ton enseigne peuvent déjà trouver qu'elle est un peu perdue dans la nature, loin de tout.
L'implanter ainsi, au plein cœur de la Moselle et, de surcroît, en pleine forêt, n'est pas source de difficultés ?

D : En fait, l'éloignement n'est pas si grand puisque nous nous trouvons à quelques dizaines de minutes de grands axes menant à Strasbourg et à Metz et que nous couvrons essentiellement un secteur de 200 km de rayon.
Par ailleurs, c'est aussi un atout puisque nous bénéficions d'un environnement relativement protégé de la pollution. C'est d'ailleurs la qualité de l'eau et le calme qui ont poussé le premier propriétaire à s'installer ici et c'est ce potentiel qui m'a particulièrement attiré.

Citation de: Cyberfish
C : Tu parles de l'eau et cet élément est primordial dans notre passion et dans ton métier. Peux tu nous dire comment fonctionne ton « cycle de l'eau » ?

D : En fait, l'eau est directement pompée dans la nappe phréatique, toute proche puisque nous sommes en plein milieu de ruisseaux, sources et marais. Il n'y a pas de traitement à l'entrée et l'eau arrive directement dans les bacs par goutte à goutte.
Ainsi, l'eau polluée passe, par simple débordement, dans une fosse de 30m³ traitée périodiquement à la javel. Puis après une phase d'évaporation, elle passe dans 3 étangs puis un marais pour lagunage. Et enfin, elle rejoint le ruisseau tout proche.
Pour information, l'eau arrive à quelques degrés et n'est donc pas chauffée. Par contre les bacs le sont par le biais des supports des batteries, selon les besoins de chaque espèce.

Citation de: Cyberfish
C : Sinon, vu les volumes et le nombre de poissons qui transitent par la serre, as-tu des produits spécifiques ou des techniques de nourrissage particulières ?

D : En fait, chez nous les produits et techniques utilisés diffèrent peu de ceux appliqués chez le particulier et en réalité seules les quantités sont plus importantes.
Ainsi, nous utilisons aussi bien des nourritures sèches (comprimés ou paillettes) que du congelé. Et pour l'élevage des jeunes ou pour nourrir les petits poissons, nous utilisons aussi des nauplies d'artémias que nous produisons sur place dans de grands réacteurs.
C'est donc par seaux entiers que nous commandons nos paillettes et plusieurs kilos de nourriture congelée (artémias mais aussi vers de vase ou nourritures plus adaptées) sont distribués chaque semaine.


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A suivre...