Ruisseau "tropical" près de Cologne

Démarré par Paul, 04 01 16, 21:10 PM

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philippe2

Mouarffff. Belle vidéo, mais alors la pop acclimatée...

Lionel.Adam



Un plan d'eau thermale en Hongrie

swee

Super intéressant. Merci beaucoup.

Spip


Super post et belle mise en garde pour ceux qui seraient tenter de balancer leurs écailles n'importe où sans se soucier des conséquences.

:up:

Lionel.Adam

Au début ça avait l'air sympa comme endroit...maintenant, ça l'est moins.... :xx:

Paul

#7
De rien. Je suis content que quelqu'un d'autre que moi lise ce que j'écris  ;-).

Comme les deux ruisseaux se trouvent dans des zones habitées, de nouvelles espèces d'animaux et de plantes sont probablement régulièrement relâchées dans la nature par des particuliers. La plupart n'arrivent probablement pas à se maintenir sur le long terme, mais il y a une discussion à propos des risques d'introduction d'espèces invasives par cette voie.

Dans le Warmbach, on a par exemple retrouvé des écrevisses de Louisiane (Procambarus clarkii), une espèce invasive avérée qui peut coloniser des milieux "froids", entre en concurrence avec les écrevisses indigènes et peut de plus être porteuse de la "peste des écrevisses". C'est une mycose contre laquelle toutes les écrevisses américaines sont résistantes, mais qui a provoqué une hécatombe des écrevisses indigènes partout en Europe (dans beaucoup de régions, lorsque l'on trouve une écrevisse dans le milieu naturel, il s'agit presque toujours d'une espèce américaine). Les "vraies" européennes sont devenues extrêmement rares).

Certaines plantes d'aquarium (par exemples certaines jussies, Ludwigia sp., les hydrocotyles, ...) sont également très invasives et difficiles à éliminer une fois qu'elles sont installées dans un milieu.

Pour finir, il existe un risque de transmission de maladies et de parasites des espèces exotiques aux indigènes. C'est un peu tiré par les cheveux, mais ça c'est déjà vu. En Norvège, on empoisonne des rivières entières à la rotenone en espérant se débarrasser d'un ver parasite (Gyrodactylus salaris) provenant de la Baltique, mortel pour les saumons indigènes.

http://www.saumonmag.com/php/dossier_fiche.php3?id_article=109

Voilà, j'espère que je ne suis pas trop rabat-joie :roll2: :roll2:, mais bon ...  ;-).

ElTofi

fascinant !

je vais creuser tout ça sur la base de ta documentation...

merci :merci:

Paul

Voici un article concernant les deux espèces de crevettes tropicales trouvées dans le Gillbach. Les auteurs considèrent que l'une d'elles (Neocaridina davidi) pourrait potentiellement coloniser d'autres écosystèmes dans le bassin du Rhin (ces bestioles seraient capables de survivre et de se reproduire en eau "froide").

http://www.aquaticinvasions.net/2013/AI_2013_3_Klotz_etal.pdf

Paul

#4
Bonjour,

pour pour répondre à "El Tofi": en ce qui concerne le "Warmbach", il est alimenté à plusieurs endroits par des sources thermales dont la température moyenne oscille entre 27 et 29°C. L'endroit était déjà connu par les romains. Il y a d'ailleurs encore actuellement des thermes dont les rejets chlorés polluaient le ruisseau (ce cours d'eau a été gravement dénaturé par des actions humaines dans les années 1970, mais a été remis en état par la suite). Le "paradis tropical" trouve une fin abrupte à la confluence du Warmbach avec le Kaltbach ... (kalt = froid).

Il y a des espèces exotiques dans le Warmbach depuis les années 1930. Actuellement, les poissons tropicaux les plus abondants (populations capables de se maintenir et de se reproduire) sont Hemichromis sp. (le plus abondant et déjà répertorié en 1972), Ancistrus sp. et Amatitlania sp. (répertorié depuis 2008).

En 1934, il y avait deux espèces non-indigènes dans le ruisseau (barbeau du Tibre et guppy). Actuellement, sur un peu plus de 50 espèces de poissons répertoriées, 38 sont introduites. Il est intéressant de constater que contrairement à ce qui se passe dans le Gillbach (Allemagne), les guppys sont actuellement une espèce plus "anecdotique" dans le Warmbach.

Une étude approfondie (master) à propos du Warmbach et des autres cours d'eau de la région a été publiée en 2015. On peut la télécharger gratuitement ici: https://forschung.boku.ac.at/fis/suchen.hochschulschriften_info?sprache_in=en&menue_id_in=206&id_in=&hochschulschrift_id_in=12815

cliquer sur "FULL TEXT"

Même si on ne comprend pas l'anglais, je trouve qu'il est intéressant d'y jeter un œil. Page 75, on trouve par exemple une liste de toutes les espèces répertoriées. Il y a également beaucoup de photos, par exemple d'une parade de Labidochromis photographiée in situ (page 68).

;-)

ElTofi

#3
J'avais vu ces vidéos il y a quelques années je ne sais plus où... Ce qui me fascine, c'est que ces populations "introduites" aient pu survivre à long terme... parce qu'enfin : la température tropicale doit être disponible uniquement sur quelques centaines de mètres, non ? En amont, c'est un ruisseau "normal" européen avec ses fluctuations saisonnières entre 0 et 18-22 °C, à la source de chaleur ça doit être littéralement "cuit" et le mélange se faisant plus ou moins homogène, les quelques dizaines (centaines ?) de mètres suivant doivent être tropicaux... ça fait un territoire très faible, pour établir des populations, non ? surtout avec la pression des prédateurs aviaires...

c'est aberrant mais rigolo de voir une végétation pareillement hétéroclite : Vallisnérie, Pistia, Cryptocorynes, Hydrocotyle, etc... le tout dans le même ruisseau...

Lionel.Adam


Paul

#1
Salut.

Même dans les pays "froids", il existe des biotopes aquatiques alimentés par des sources chaudes naturelles ou artificielles. Dans certains de ces sites, on trouve des espèces d'origines tropicales introduites par l'homme. Bien souvent, il s'agit d'anciens pensionnaires d'aquariums relâchés dans la nature.

J'ai appris il y a un certain temps qu'il existait un cours d'eau de ce type en Allemagne, près de Cologne. Ce ruisseau, le Gillbach, est chauffé artificiellement par les eaux de rejet d'une centrale thermique au charbon. On y retrouve différentes espèces de plantes d'aquarium exotiques (vallisnéries, salades d'eau, ...), deux espèces de crevettes (Neocaridina davidi et Macrobrachium dayanum), des escargots Melania, ...

Des pêches électriques effectuées en juin 2013 ont révélé qu'à côté de poissons indigènes (gougeons, barbeaux, chevaines, ...) et de poissons d'eau "froide" non-indigènes en Europe de l'Ouest (carpe, poisson rouge, pseudorasbora), ce ruisseau abritait des populations apparemment stables (survie et reproduction sur plusieurs années) de quatre espèces tropicales: Poecilia reticulata (guppy, présence connue depuis les années 1970), Amatitlania nigrofasciata (cichlidé bagnard ou "nigro", également connu depuis au moins 15 ans dans ce site), Ancistrus sp. ("laveur de vitres") et Oreochromis sp. (tilapias dont les ancêtres sont probablement issus d'une ferme aquacole ayant cessé ses activités).

Ce qui est particulièrement intéressant avec les guppys, c'est que leurs ancêtres sont plus que probablement des guppys d'aquarium (comme on peut en acheter partout), mais qu'ils ressemblent très fort à de "vrais" guppys sauvages que l'on pourrait par exemple trouver au Venezuela. C'est la sélection naturelle qui a fait son œuvre en quelques années seulement.

Pour plus d'infos (en anglais) et des images de ces guppys, voir lien ci-dessous:

http://www.igb-berlin.de/IGB-Publikationen/Bierbach_2014_j_BIR.pdf

Il existe un site un peu semblable en Autriche: le Warmbach près de Villach. Ici, ce sont des sources chaudes naturelles qui engendrent des températures tropicales (Warm = chaud, Bach = ruisseau). On trouve sur internet des vidéos qui montrent ce ruisseau  ;-)